Avant-propos
Perspectives principales
- Proposer des références de textes qui permettraient d’illustrer six temps forts de la guerre et d’interroger les représentations, la possibilité ou l’apport de l’écriture à l’événement ou à la mémoire. À cet égard, les textes retenus, écrits en français, sont accompagnés de références complémentaires faisant appel à des traductions, afin de prendre en considération l’écriture de la guerre dans les divers camps qui déchirèrent l’Europe et avec elle le monde.
- Montrer que de nombreux écrivains ont connu des évolutions semblables dans leur rapport à la guerre : engagement volontaire et enthousiaste, désillusion rapide, traumatisme du front qui les convertit à un autre engagement : pacifisme inconditionnel ou extrémisme politique
- Constater que la production littéraire, abondante, et de formes plutôt traditionnelles, en France comme en Allemagne dans les premières années de la guerre, se tarit progressivement à partir de 1917 pour laisser place au silence. La guerre qui atteint l’indicible ? Une paix dont on ne parvient pas à exprimer le sens ?
- Souligner que la Grande Guerre est perçue comme un changement d’époque, la véritable entrée dans la modernité du XXème siècle. Après la guerre, tout est à reconstruire, à recréer : les individus et les sociétés mais aussi les formes de la littérature et de l’expression artistique.
- Pour chaque entrée, proposer des extraits écrits dans des genres et à des époques diverses, classés chronologiquement, de manière à faire entrevoir, par-delà l’écriture de l’événement, la relativité du point de vue et l’inflexion du travail de mémoire : le témoignage contemporain de l’événement se distingue des réinterprétations ultérieures, des oublis ou des réorchestrations, à la fin du XXème siècle, des « fables du deuil ».
Mode d’emploi
L’arborescence mise ici à disposition des professeurs a distingué six dates ou périodes, reconnues décisives par les historiens dans le déroulement de la première guerre mondiale. La diversité proposée permet à la fois d’aider les enseignants dans l’exploration d’une matière littéraire et artistique considérable, et de leur assurer une liberté dans les choix à effectuer parmi les propositions. Il est autant possible de se concentrer sur une seule date, et étudier dès lors les variations de la représentation donnée à travers les genres et les époques de la rédaction, que d'inventer un parcours, en sélectionnant parmi les documents proposés afin de construire une séquence répondant par exemple à l’un ou à quelques-uns des objectifs énumérés ci-dessus.
Ce travail a été réalisé par Olivier Barbarant pour le groupe des lettres de l’inspection générale, avec l’aide de Mesdames Corinne Leenhardt (IA-IPR) et de Véronique Dubuc (professeur).
Quelques références scientifiques
Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, Gallimard, 2000, réédition folio histoire n° 125.
Beaupré Nicolas, Écrire en guerre, écrire la guerre, France-Allemagne 1914-1920, éditions du CNRS, 2006.
Becker Jean-Jacques et alii, Guerres et Cultures 1914-1918, Paris, Armand Colin, 1994.
Becker Annette, Les Monuments aux morts : patrimoine et mémoire de la Grande Guerre, Paris, éditions Errances, 1988.
Cru Norton, Témoins (1929), réédition Presses Universitaires de Nancy, 1993 ; Du témoignage (1930), réédition Allia, 1990.
Dagen Philippe, Le silence des peintres – Les artistes face à la Grande Guerre, éditions Fayard, 1996.
Antoine Prost, Jay Winter, Penser la Grande Guerre, éditions du Seuil, 2004, réédition points-Seuil, n° 336.
Trévisan Carine, Les Fables du deuil – La Grande Guerre : mort et écriture, Presses Universitaires de France, 2001.
Dominique Viart, La littérature française au présent, éditions Bordas, 2005, chapitre « La littérature contemporaine et la Grande Guerre », p. 127 à 141.